Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trente-cinq années ne sont que le trop long délai depuis lequel les héros attendent une réparation. Leurs ombres l’effleurent, la surveillent. Osera-t-elle les décevoir, leur faire injure, les renier ? Cette cathédrale, ces chants, ces notables, tout ce vaste appareil ébranle la pauvre fille, mais par-dessus tout la présence des trépassés. Colette reconnaît l’impossibilité de transiger avec ces morts qui sont là présents.

M. Asmus est à mille lieues de ces délicatesses. Il revient de Kœnigsberg, heureux de s’être délié de sa fiancée. Au son de la musique liturgique, il rêve de plaisirs, et, en examinant cette belle société, qu’il trouve un peu triste, il se voit déjà monté en grade. Son allégresse intérieure fait un étrange mariage avec les scrupules de la