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LA COLLINE INSPIRÉE

surtout très intrigués, se demandant quelles pouvaient bien être ces bonnes nouvelles sur lesquelles les voyageurs avaient été si discrets.

Et maintenant c’est l’heure intime, l’heure du crépuscule. Il ne reste plus au couvent que les sœurs et les frères, pauvres gens, fleurs de fidélité et de timidité devant la vie. Le moment du souper est venu et les rassemble tous dans la cuisine. Frère Martin et frère Hubert se sont placés modestement au bas bout de la table. Léopold a mis à sa droite sœur Thérèse, à sa gauche la sœur Euphrasie, une grande fille de vingt-quatre ans, au regard ferme et triste. De chaque côté de Quirin, s’assoient ses collaboratrices de Sainte-Odile, sœur Quirin et sœur Marthe : auprès de François, la sœur Lazarine, qui tient l’école de petites filles de Saxon.

Comme ils sont contents ! Pour la première fois, depuis la grande dispersion et depuis qu’ils ont formé un nouveau foyer, ils reçoivent leur Supérieur. Autour de la table, sous la pauvre lumière d’une lampe, ils forment une petite société d’amis vérifiés par le malheur. Paysage charmant et singulier que cette tablée de prêtres, de frères et de nonnes, un très vieux paysage. Tous ces gens rassemblés