Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/141

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— Les dangers que court le monde m’épouvantent…

Ces dangers, il les énuméra : la France allait être humiliée ; trop avare, elle aurait à livrer son or ; incapable d’honorer la vraie grandeur spirituelle, elle serait privée d’hommes supérieurs…

Bien qu’il se dît épouvanté, la force de sa voix, son martellement sur chaque mot, son insistance, son rayonnement indiquaient trop quel surcroît d’énergie et même quelle allégresse il recevait de ses sombres visions. Il semblait qu’il eût à son côté, tandis qu’il parlait, un des anges chargés des coupes remplies de la colère de Dieu, celui même qu’a vu l’apôtre de l’Apocalypse, et que par instant il bût un long trait de ce breuvage de colère et de mystère.

— … Mais je ne romprai pas, mes amis, mon alliance avec vous. Je viens avant la tempête, avant que les eaux de Dieu s’élèvent. Je sais vous assembler comme des pièces de bois prises dans une forêt, travaillées et éprouvées, afin de composer l’arche de ce nouveau déluge.

Alors se tournant vers les ecclésiastiques et fixant des yeux M. le curé de Xéronval, il déclara :