Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/148

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d’une argumentation véridique. Victoire ! Léopold est ivre de plaisir. Un nouveau pacte, une nouvelle amitié se fonde sur la colline. C’est le début d’une ère de félicité.

Ainsi la pensée de Léopold, que la fièvre de son discours tient encore, s’échappe de ce pauvre réfectoire et vole sur les sommets ; non pas seulement sur les hauts lieux qu’il a restitués au culte, mais elle rejoint ses plus hautes espérances.

— La quête a été désastreuse, dit Quirin qui fait des piles de gros sous sur la nappe. Je ne sais pas si nous aurons dix francs.

Cette phrase pénétra brusquement au milieu des songeries et des images de Léopold, comme une boule dans un jeu de quilles ; elle jeta tout par terre, et d’une manière si basse qu’il en fut exaspéré.

On vit alors un fait inouï, incompréhensible pour qui n’est pas entré dans la pensée de l’aîné des Baillard, un fait bizarre qui rejette le personnage étonnamment loin dans le passé et qui donne un accent barbare à cette solennité, où tout avait été jusqu’à présent, au moins en apparence, une suite d’actions régulières, traditionnelles et quasi protocolaires.

Léopold regarda Quirin, répéta machina-