Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/313

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entré autrefois dans les plans de Léopold de la bâtir, cette basilique, et la vue admirable de ces pierres neuves, gentiment agencées et dorées à la mode du jour, lui serra le cœur. Il resta un long temps immobile et dit tristement :

— Cela restera et mes œuvres sont tombées.

Mais ces instants de faiblesse étaient rares, et toujours l’Ange de la Certitude venait le relever, et le soutenait sur les routes où il repartait en frappant la terre de son bâton.

Pour se redonner du cœur, pour rafraîchir en lui l’idée qu’il se réinstallerait prochainement sur la sainte colline, il montait au couvent, se complaisait dans ses ruines, y prolongeait sa ronde romantique et reprenait avec la Noire Marie le même éternel dialogue, où il se faisait assurer qu’elle ne vendrait jamais sans l’avoir averti.

Un jour, il appela la vieille femme, comme il avait coutume, sous les fenêtres du jardin. Elles étaient grandes ouvertes, et pourtant personne ne lui répondit. Il se retira. Mais au cours de la journée, une certaine iniquiétude lui vint, et dès le lendemain il retournait là-haut. Les fenêtres étaient toujours ouvertes, et dans la chambre, la pluie tombait comme