Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/320

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Le bon François chercha une diversion. Il demanda qu’on fît lecture de la dernière lettre de Vintras. Sœur Euphrasie la prit sur le bureau de Léopold, alluma une chandelle et lut à haute voix :

« Sion pleure, Sion est abattue. Mais il n’en sera pas toujours ainsi, et le Seigneur la relèvera, et ceux qui ont souffert, qui ont été repoussés à cause de la Sion que le Seigneur veut édifier, se réjouiront, et ils feront retentir le lieu saint de leurs cantiques d’allégresse. »

Tous furent émerveillés de cette prédiction, qui venait si bien à propos pour proclamer la vanité des projets de l’Évêque sur le couvent, et Marie-Anne, qui avait un goût décidé pour le génie enthousiaste des lettres de l’Organe, s’écria, comme devant le fait le plus étonnant :

— Il paraît qu’il ne boit jamais une goutte de vin ?

— Et comment en boirait-il ? observa Quirin avec aigreur. Ils n’ont là-bas que de la bière.

Le bon François, en toute innocence, suggéra alors qu’il serait convenable d’envoyer une barrique à Londres pour faire une politesse à Vintras.

Quirin répondit froidement qu’il enverrait bien volontiers un très bon ordinaire, mais