Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/399

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— Je parie, Monsieur Baillard, que vous ne croyez pas à l’infaillibilité du Saint-Père.

— Ah ! pour cela par exemple, non, je ne l’admets pas.

— Et naturellement, vous ne croyez pas davantage à l’Immaculée-Conception ?

— J’y fais des réserves, dit Léopold d’un air entendu.

— Et l’enfer éternel, Monsieur Baillard, l’admettez-vous ?

— Je ne puis pas l’admettre, car Dieu est infiniment bon ; il cesserait de l’être, s’il condamnait à un supplice sans fin.

L’Oblat était édifié. Il crut le moment venu de faire avancer toute l’artillerie de son apologétique.

— Mon cher Monsieur Baillard, quelle peine vous me faites ! Comment un homme comme vous, un prêtre, un théologien, un savant écrivain n’a-t-il pas pénétré le vrai sens de tout ce qui s’est passé à Tilly ? Il s’agissait de détrôner le Christ.

— Assez, assez ! s’écria Léopold, j’ai bien vu, j’ai bien entendu : Tilly embaumait de vérités et retentissait de miracles. Oui, Monsieur, je monterais sur l’échafaud et je donnerais vingt fois ma vie pour affirmer la réalité des faits qui ont eu lieu à Tilly.