Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/401

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Le vieillard s’était levé, et prenant la main de son jeune visiteur, il le poussait doucement, mais irrésistiblement vers la porte.

Celui-ci ne se tint pas pour battu. Dans le corridor il fit de longs discours à Marie-Anne, pour qu’elle obtint de son maître qu’il se confessât. Mais le visage de la vieille femme restait fermé. Le vieillard qu’elle admirait n’avait pas besoin de ce vicaire ni de personne pour faire son salut.

— Eh ! répliqua-t-elle avec vivacité, que voulez-vous lui demander ? Il n’a jamais fait de mal à personne, mais toujours du bien à tous, autant qu’il l’a pu, et il passe son temps à prier.

— Marie-Anne, un chrétien, un prêtre surtout, qui ne se confesse jamais, c’est un genre de saint que l’Église n’a pas encore canonisé. Vous feriez un péché mortel si vous laissiez mourir monsieur Baillard sans m’avoir appelé.

Marie-Anne acquiesça de la tête, mais dès que l’Oblat se fut éloigné, elle regagna sa cuisine en maugréant contre ce jeune prêtre trop hardi.

Cependant le Père Cléach remontait au couvent dans un état d’esprit bien différent de celui où il se complaisait une demi-heure au-