Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/163

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de profondeur, mais la fraîcheur du réveil et la lassitude du soir favorisaient également notre délicieux commerce d’abstractions.


Un matin, à travers les marais salants, nous allâmes visiter le bourg du Grau-du-Roi, qui est le port d’Aigues-Mortes. Un vent léger rafraîchissait le front, les yeux, la bouche de mon amie Bérénice et découvrait sa nuque énergique de petite bête. Elle franchit avec aisance ces trois kilomètres, sans daigner regarder ce paysage plus qu’un jeune bouleau ne s’inquiète de la noble tristesse des horizons du Nord dont il est un des caractères. Pour moi, étranger dans cette