Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/230

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et comme je marchais dans la nuit, le long des grandes murailles, vers la gare, trois petites filles me précédaient, qui chantaient d’une voix douce et qui pourtant va loin sur la plaine, d’une voix qui va jusqu’à mon cœur.

…Que de fois ailleurs je l’ai entendue, cette chanson ! Mais pourquoi ce soir me décourage-t-elle ?… J’irai jusqu’au bout de la pensée qui m’attristait : les landes de ce pays pour moi n’eurent jamais de mirages ; elles ne font apparaître qu’à d’autres les princesses des Baux. Huguette, Sibylle, Blanchefleur et Baussette, me disais-je, pourquoi les herbes de la Crau ne m’ont-elles pas conservé l’odeur de vos corps exquis ?