Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/231

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ou plutôt pourquoi donner mes belles soirées à de grossières tâches ?

C’est sur les canaux de Venise, dans les faubourgs de cette ruine somptueuse que, pour la première fois, j’entendis cette cadence que me répètent trois pauvres enfants. Soirées divines, celles-là ! Saturés de toute sensualité, mes yeux, mes oreilles gorgés de splendeurs, au point que dans cette abondance ils ne pouvaient plus rien percevoir, je pris conscience de l’essentiel de moi-même, de la part d’éternité dont j’ai le dépôt. Saurai-je jamais les exalter assez haut par-dessus toutes mes heures, ces jours d’âcreté et de manie mystique où, jusqu’alors simple coureur amusé de choses