Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
le jardin de bérénice

de la révélation que m’a donnée de l’inconscient cette fille incomparable, je n’ai su que la faire pécher contre l’inconscient.

Sitôt que le crépuscule avait couvert d’ombre ma table de travail, le visage amaigri de la jeune malade m’apparaissait comme un reproche. Accoudé à mon balcon, sur ce doux canal du Grau-le-Roi qui va aboutissant à la mer, j’entendais dans une rue voisine les enfants, énervés de leur journée et trop bruyants, se débattre contre les grandes personnes qui les rappelaient au logis. Pour moi, j’attendais que huit heures sonnées me permissent d’aller auprès de Bérénice ; la fièvre l’empêchait de dormir, et je me consacrais à amuser le plus possible son extrême faiblesse.