Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
le jardin de bérénice

pauvres bêtes dont elle eut toute sa vie une si grande pitié. Sans doute elle sentit la mort la posséder, car son visage gardait une terreur inexprimable. Et moi, je cherchais un moyen de lui témoigner la plus tendre sympathie, d’adoucir ce passage misérable ; j’embrassais ces yeux où roulaient les derniers pleurs. Je les embrassais comme elle avait mille fois embrassé son bel âne, sans préoccupation de politesse ni de sensualité, simplement pour lui témoigner ma fraternité. Ces baisers-là, elle ne les connut point de sa vie, car elle éveillait la volupté. « Maintenant, lui disais-je, tu as fini ta tâche, tu atteins ta récompense, qui est la certitude, vérifiée sur ma tristesse