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le jardin de bérénice

s’épanouirait mon bonheur ; elle est le moi que je voudrais devenir. Or, pour une âme de qualité, il n’est qu’un dialogue, c’est celui que tiennent nos deux moi, le moi momentané que nous sommes et le moi idéal où nous nous efforçons. C’est en ce sens que j’ai vu Bérénice se lever de sa poussière funéraire. Pitoyable et fanée de péchés, elle avait un nimbe lumineux où s’éclairait ma conscience. Dans ces premiers violets de l’aube, je lui apportai ces mêmes sentiments d’humilité que d’autres connurent pour Isis qui les émouvait de son mystère et pour la Vierge tenant dans ses bras le Verbe fait petit enfant. Ma Bérénice, sous ses voiles de