Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/17

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s’arrête à donner une description minutieuse, émouvante et contagieuse des états d’âme qu’il s’est proposés.

Le principal défaut de cette manière, c’est qu’elle laisse inintelligibles, pour qui ne les partage pas, les sentiments qu’elle décrit. Expliquer que tel caractère exceptionnel d’un personnage fut préparé par les habitudes de ses ancêtres et par les excitations du milieu où il réagit, c’est le pont aux ânes de la psychologie, et c’est par là que les lecteurs les moins préparés parviennent à pénétrer dans les domaines très particuliers où les invite leur auteur. Si un bon psychologue en effet ne nous faisait le pont par quelque commentaire, que comprendrions-nous à tel livre, l’Imitation, par exemple, dont nous ne partageons ni les ardeurs ni les lassitudes ? Encore la cellule d’un pieux moine n’est-elle pas,