Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/24

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sang, c’est aussi l’ouverture d’un nouvel horizon. En fondant un foyer, le jeune homme d’hier a assumé des devoirs de protection envers sa famille. Comment aurait-il la magnifique impétuosité du Saint-Cyrien qui dit : « Jeune officier pendant la guerre, c’est vraiment la carrière où l’on recueille de suite les fruits de son honneur, de son énergie, de son dévouement[1]. » Le père de famille a derrière lui déjà les fruits de sa vie ; il les abandonne, et, à défaut de cette beauté d’allégresse, ce qu’il nous fait voir, c’est la beauté d’un sacrifice perpétuellement médité. Il existe chez le jeune homme, le sentiment de son sacrifice, mais il écarte en hâte cette inquiétude, ne se l’avoue pas, et même, seul à seul, la repousse avec colère. Au contraire, le soldat plus âgé l’accueille et s’en fait un mérite, soit auprès de Dieu, soit auprès de la Patrie.

Gemens spero, avait pris pour devise, dans les

  1. Jean-Allard Méeus : Lettre à sa mère.