Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/46

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un regret le prend ; l’abandonner ainsi seul, dans les ténèbres ? Les autres pères, quand leurs enfants meurent, ne les veillent-ils pas ? Alors il attache son cheval à l’olivier et commence la veillée. Sous la ramure noire, le corps de Vivien rayonne et répand dans l’air le parfum du baume et de la myrrhe. La nuit est douce et sereine. Debout auprès de son fils mort, le comte pleure, il ne peut s’en rassasier, et laissant passer l’aube il attend que le soleil soit haut levé et brille bien clair. Alors il renoua les lacs rompus de son heaume, embrassa Vivien, le regarda une dernière fois ; il se remit en selle, s’achemina à petits pas vers la route que tenaient les Sarrazins, puis venu à la portée d’un arc, il cria son cri d’armes, et, baissant sa lance de frêne, il chargea.

Debout les morts !… ce cri mystérieux du bois d’Ailly, déjà nous l’avons entendu. Au siège d’Ascalon, les Templiers voient plusieurs de leurs frères pendus par les Sarrazins