Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/39

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moment qu’il crut favorable, leur ayant crié de se taire, il l’invita à lui raconter Tristan et Iseult.

Le jeune homme ne se fit pas prier. Il dit comment ces deux-là burent le philtre d’amour et s’aimèrent invinciblement à travers toutes les misères, et comment nous devons leur pardonner leurs fautes, parce qu’aucun de nous, jeune ou vieux, n’est sûr qu’il ne va pas rencontrer l’être dont il subira jusqu’à la mort la fascination. Il allait poursuivre de tout son élan, mais voici qu’ayant cru soudain entendre de légers bruits de soie froissée, il s’arrêta net et leva la tête vers la tribune obscure.

— Ce n’est rien, sire Guillaume, dit l’Émir ; ce sont les souris qui attendent la fin de notre repas pour en