Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
VERLAINE


Cependant l’originalité réelle de Verlaine est moins dans la rénovation de mètres délaissés, dans la mise à mal de quelques césures et l’acrobatie de certains rejets, que dans l’usage du rythme impair dont la musique séduit et inquiète à la fois l’oreille.

Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose[1].


Cette rythmique boiteuse dérivée de certains accords à la Wagner donne au poème comme un mouvement fiévreux, un geste neurasthénique assez en harmonie avec les images évoquées.

Vers de treize syllabes :

1) Londres fume et crie. | Oh ! | quelle ville de la Bible
2) Le gaz flambe | et nage | et les enseignes | sont vermeilles
3) Et les maisons | dans leur ratatinement terrible
4) Épouvantent | comme un sénat de petites vieilles.


Vers de onze syllabes :

5) Dans un palais | soie et or, | dans Ecbatane,
6) De beaux démons, | des satans | adolescents
7) Au son | d’une musique | mahométane
8) Font litière | aux sept péchés | de leurs cinq sens.


Ces vers doivent se scander ainsi :

1) 5-1-7.
2) 3-2-5-3.
3) 4-9.
4) 4-9.

5) 4-3-4.
6) 4-3-4.
7) 2-5-4.
8) 3-4-4.

  1. Jadis et naguère : Art poétique.