une lumière terne ou pâle, aux rayons de la lune et il n’en a
toujours qu’une notion très imparfaite. Il n’est pas sans
utilité de constater que la lune, l’astre accoutumé des
paysages psychologiques de Mæterlinck, la lumière de la
lune, le clair de lune sont des mots qui reviennent jusqu’à
trois et quatre fois dans le même poème. Ces lueurs confuses
laissent cependant entrevoir l’étrangeté « de ce qui est ».
L’étonnement que suscite dans l’âme cette fantasmagorie,
coupée de fulgurantes clartés, provoque la perception d’analogies
curieuses, de concordances bizarres entre la pensée et
le monde découvert, et cela se traduit par une série d’allégories
troublantes d’un symbolisme inquiétant qui révèle surtout
le trouble profond du poète :
Les serpents violets des rêves
Qui s’enlaçent dans mon sommeil,
Mes désirs couronnés de glaives,
Des lions noyés au soleil[1].
Cette fièvre intérieure n’aboutit cependant pas à la
découverte rêvée. Le mystère se cache toujours. Le poète
le sent mais l’ignore :
J’entends des voix en mon sommeil[2].
Ces voix balbutient d’obscures paroles. L’inconnaissable
continue à vivre derrière les nuages où il se dissimule :
Toujours la pluie à l’horizon
Toujours la neige sur les grèves…[3]
Serres chaudes témoignent donc des appréhensions du poète aux prises avec l’inconnu. Les impressions enregistrées