Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
LES VERLAINIENS

une lumière terne ou pâle, aux rayons de la lune et il n’en a toujours qu’une notion très imparfaite. Il n’est pas sans utilité de constater que la lune, l’astre accoutumé des paysages psychologiques de Mæterlinck, la lumière de la lune, le clair de lune sont des mots qui reviennent jusqu’à trois et quatre fois dans le même poème. Ces lueurs confuses laissent cependant entrevoir l’étrangeté « de ce qui est ». L’étonnement que suscite dans l’âme cette fantasmagorie, coupée de fulgurantes clartés, provoque la perception d’analogies curieuses, de concordances bizarres entre la pensée et le monde découvert, et cela se traduit par une série d’allégories troublantes d’un symbolisme inquiétant qui révèle surtout le trouble profond du poète :

Les serpents violets des rêves
Qui s’enlaçent dans mon sommeil,
Mes désirs couronnés de glaives,
Des lions noyés au soleil[1].


Cette fièvre intérieure n’aboutit cependant pas à la découverte rêvée. Le mystère se cache toujours. Le poète le sent mais l’ignore :

J’entends des voix en mon sommeil[2].


Ces voix balbutient d’obscures paroles. L’inconnaissable continue à vivre derrière les nuages où il se dissimule :

Toujours la pluie à l’horizon
Toujours la neige sur les grèves…[3]


Serres chaudes témoignent donc des appréhensions du poète aux prises avec l’inconnu. Les impressions enregistrées

  1. Serres chaudes : Offrande obscure.
  2. Serres chaudes : Ronde d’ennuie.
  3. Serres chaudes : Désirs d’hiver.