Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
LES MALLARMÉENS



ou, ou, iou, oui ô, o, io, oi â, a, ai
noirs à roux rouges vermillons



eû, eu, ieu, eui û, u, iu, ui e, è, é, ei
roses à ors pâles ors blancs à ors azurs :

ie, ié, iè, î, i
azurs


Poussant plus loin encore ses investigations, le poète crut pouvoir indiquer les usages plus particuliers des voyelles et de quelques consonnes. Il convient d’employer :

a et o, et m, pour la grandeur et pour la plénitude et l’amplitude.

é et i pour l’expression de délié, de rare, de menu, d’aigu et de deuil et douleur.

a et r, s et x pour les grandes passions, et la rudesse et l’impétuosité et l’âpreté.

u et n, pour l’expression de voilé, et de doute et qu’impartialement :

e est le son le plus nué, le plus varié et ainsi que résumant.

Cette découverte, d’une originalité incontestable, manquait cependant de base vraiment scientifique. Elle reposait sur des observations pathologiques, dont la généralisation demanderait de longs siècles. Seuls en nos temps « d’intensifs névropathes » ont la faculté de percevoir des sons colorés. L’exemple de Rimbaud et de Ghil prouve encore que ces névropathes doués du même affinement sensitif n’étaient cependant pas d’accord sur le degré de couleurs propres aux voyelles. René Ghil se rendit compte qu’il réaliserait une poésie accessible à de très rares initiés et qu’en définitive la pathologie n’était pas la science. Les cas anormaux figurent des exceptions qu’il eût été contraire à toute raison de vouloir ériger en règle. René Ghil ne rejeta pourtant point la