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VII
préface


vrier, c’est une idée ; ce que je désire recueillir avec ardeur, c’est moins un vase ou une médaille qu’une ligne du passé écrite dans la poussière du temps, une phrase sur les mœurs antiques, les coutumes funèbres, l’industrie romaine ou barbare ; c’est la vérité que je veux surprendre dans le lit où elle a été couchée par des témoins qui ont à présent douze, quinze ou dix-huit cents ans ...

« Les vases, les médailles, les bijoux n’ont de prix ou de valeur qu’autant qu’ils révèlent eux-mêmes le nom ou le talent d’un artiste,le caractère ou le génie d’un peuple, en un mot la page perdue d’une civilisation éteinte. Voilà surtout ce que je poursuis au sein de la terre. Je veux y lire comme dans un livre : aussi j’interroge le moindre grain de sable, la plus petite pierre, le plus chétif débris ; je leur demande le secret des âges et des hommes, la vie des nations et les mystères de la religion des peuples[1] »

Chaque objet recueilli auprès des ossements de ces Barbares trahit une pensée, un e inspiration propre soit à un artiste, soit à une race ou même à une école. Souvent il indique une pratique religieuse, un usage constant chez un peuple et parfois peut-être une mode qui naît et se développe dans une région pour disparaître bientôt et être remplacée par un nouveau produit de l’imagination d’un autre artiste.

Si nous nous plaçons à un autre point de vue, quelle impression à la fois étrange et indéfinissable l’archéologue, passionné dans ces recherches, ne ressent-il pas, lorsqu’un heureux coup de pioche amène à la surface du sol des débris d’ossements humains, de dalles sépulcrales, des fragments de fer ou de bronze, caractérisant l’existence d’une sépulture barbare ? Quelle émotion vraie n ’éprouve-t-il pas en présence d’une tombe ouverte, où r posent les restes, parfois à peine reconnaissables, d’un guerrier barbare encore paré de ses armes et de ses ornements qui faisaient autrefois sa force ou flattaient son orgueil ?

  1. Abbé Cochet, La Normandie souterraine, p.3.