Arrive-t-il à l’antiquaire d’y recueillir des objets décorés des divers emblèmes du christianisme, avec quelles précautions, avec quel respect même ne fouillera-t-il pas cette sépulture chrétienne, dans la crainte de troubler un ancêtre dans son long sommeil de quatorze siècles.
Si de semblables découvertes suggèrent de profondes réflexions, quels enseignements ne fournissent-elles pas encore ? Ici, la majesté de la mort dans une tombe épargnée par les outrages des siècles et la main des hommes ; là, la vanité des choses humaines dans l’humble fosse d’un puissant de cet âge, dans la grossière sépulture de la belle et fière compagne d’un chef barbare redouté ; partout la décomposition, la désagrégation complète de notre corps. « La mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, - a dit Bossuet-, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure[1].»
Ces impressions, ces sentiments divers, nous les avons éprouvés dans le cours des recherches dont nous publions aujourd’hui le résultat.
La grande quantité de documents que nous avons eue entre les mains et qu’il nous a été donné d’étudier a présenté parfois des difficultés dans la détermination de leur caractère et la classification de leur espèce. Des avis, des conseils donnés avec une extrême bienveillance par des antiquaires expérimentés et d’une compétence généralement reconnue nous ont été quelquefois d’un puissant secours.
Nous avons essayé de dégager de cette profusion de faits et d’objets de toute nature un ensemble qui constitue · la présente Etude. Notre préoccupation a surtout été dirigée vers un double but : donner un exposé clair, peu étendu et complet à la fois de l’histoire de l’établissement des Wisigoths en Gaule, et une étude approfondie de l’industrie de ces Barbares.
Notre travail sera divisé en trois parties, comprenant chacune des chapitres, des paragraphes et des sections.
- ↑ Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.
