Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/184

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Malheureusement, ce plaisir est parfois trop cérémonieux ; il exige les toilettes de gala et toutes les formalités d’une étiquette rigoureuse.

Grand Dieu ! quand changerons-nous cela ?

Qu’on nous donne donc quelques soirs où l’on entrera chez les amis, pour leur serrer la main, causer un peu danser au son du piano sans accompagnement d’orchestre, et, où l’on nous accueillera avec un air de simplicité aimable qu’ont généralement les fêtes intimes.

À Montréal, me dit-on, on est toujours très cérémonieux.

Naturellement, je ne parle pas des grandes soirées et des bals, où les invitations faites plusieurs jours à l’avance, indiquent le cérémonial d’une tenue parfaite, mais, il paraît, qu’en notre imposante métropole, on ne fait aucune différence entre quelqu’un qui dit en vous rencontrant : Venez donc passer la soirée avec nous, et une invitation écrite à la troisième personne.

Dans les deux cas, la maîtresse de maison peut s’attendre à voir arriver ses invités sur les dix heures et dans tout l’apparat d’une toilette recherchée.

C’est ce qui contribue à rendre les gens extrêmement circonspects et surtout avares de leurs invitations.

Chacun soupire après le sans-gêne aimable et la délicieuse familiarité des soirées intimes, et personne n’ose en prendre l’initiative, craignant de voir ses efforts mal secondés.

Cette étiquette sévère, dont on ne se départ pas, ne contribue pas peu à donner à la société montréalaise, ce caractère de froideur et d’exclusivisme qui offre un contraste si frappant avec la chaleureuse cordialité de la société québecquoise.

Les remarques sur l’exagération dans la mise s’appliquent particulièrement à mon sexe ; du moins, c’est ce que m’affirment les messieurs qui soutiennent que l’habit noir est, pour eux, toujours de rigueur.