Page:Barsalou - Ryno.pdf/92

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si elle était pressée d’arriver, comme si elle était attendue. Où vas-tu, ma mignonne, si vite et si loin ?… Pourquoi se hâter de quitter ces doux ombrages et ces vertes prairies ?… Ne sais-tu pas que, là-bas, au détour de la montagne, tu vas te jeter follement dans les bras d’une rivière bourbeuse qui se gonfle de ton eau limpide, qui t’absorbe à ses dépens, et te dérobe à jamais la pureté de tes ondes de cristal ?… Va, coule en paix sur ces rives aimées, arrête-toi sous ces arbres qui te protégent ; tu n’as rien à redouter ici : ni la fabrique bruyante, qui te torture et te force au travail, ni les pesants bateaux chargés de lourdes provisions ; le pied seul de la faneuse trouble quelquefois, le soir, ta tranquillité. — Les vaches, au ventre tacheté, s’arrêtent sur tes bords et regardent d’un œil paisible tes