Page:Barthélémy-Saint-Hilaire - Victor Cousin, sa vie et sa correspondance, tome 1.djvu/294

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« La conséquence de tout ceci, c’est qu’une modestie trop fondée me prescrirait de refuser l’honneur que vous voulez me faire. Hé bien, je ne saurais lui obéir. Je suis dominée par une puissance plus forte, dans laquelle je voudrais voir de la destinée. Une ère nouvelle vient de s’ouvrir pour moi. Agitée par l’incertitude des jugements et des systèmes divers, mon âme ne savait où se reposer ; elle a trouvé son point d’appui dans une philosophie sublime. Ce n’était point encore assez voilà que le représentant illustre de cette philosophie daigne m’accorder son attention, sa bienveillance. Étonnée d’un bienfait si inespéré, troublée de la crainte de m’en montrer indigne, je sens que, si ce malheur m’arrivait, je ne pourrais me pardonner de n’avoir pas mis toutes mes facultés en usage pour le détourner. Vous voyez bien, Monsieur, qu’il faut que je m’épargne un semblable remords. Vous pourrez dire, d’après cette conclusion, que j’aurais dû me dispenser de vous parler si longuement de mes scrupules mais comme leur absence eût été de la présomption et un manque de délicatesse, je n’ai pas voulu vous les taire. Je m’aperçois, d’une autre part, qu’il est inconséquent à moi de passer outre, en les trouvant si justes. Sur ce dernier point, je ne me défends pas, vous me jugerez : je ne veux point chercher à vous paraître supérieure à ce que je suis. C’est pour tous ces motifs que j’ai voulu vous faire une profession de foi, que je vous prie très instamment de ne pas regarder comme une précau-