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Page:Barthélemy, Méry - L’Insurrection, 1830.djvu/17

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Elle exhale sa joie en de cyniques chants ;
Ignobles journaliers, grotesques politiques,
On les verrait encore trembler dans leurs boutiques,
Devant le prévôt des marchands.

Ils ne sont plus ces jours où la voix de Camille
Convoquait la révolte au pied de la Bastille ;
La rouille a dévoré la pique des faubourgs.
Tout ce peuple abruti dort d’un pénible somme,
Et Santerre aujourd’hui, sans éveiller un homme,
Passerait avec ses tambours.

Et seul qu’aurait-il fait, ce peuple sans audace ?
Eût-il senti le feu dans ses veines de glace,
Sans l’ardent Marseillais, sans le hardi Breton ?
Il fallait, pour mouvoir cette inerte machine,
Pour trouver un écho dans leur faible poitrine,
Les mugissemens de Danton.

Osons tout, oublions leurs vieux anniversaires,
Déployons sans effroi des rigueurs nécessaires ;