Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/118

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tout au moins, il l’ait ordonné, sinon créé, et quoiqu’il le gouverne, selon la sentence d’Anaxagore. Ou bien, si Dieu pense au monde, c’est qu’il se confond avec le monde, puisqu’il ne pense éternellement que sa propre pensée. Donc, un Dieu ignorant les choses, ou un Dieu identifié avec elles, telle est la double conséquence qui ressort presque nécessairement de la théodicée aristotélique. Des deux côtés, elle est également fâcheuse ; et il est impossible de voir comment le philosophe peut se soustraire à ce dilemme. Il a dit, il est vrai, que la nature ne fait rien en vain ; et cette opinion, cent fois exprimée par lui, semble bien impliquer que l’Intelligence régit aussi la nature, et cherche sans cesse les moyens les plus propres à y réaliser la fin qu’elle poursuit. Il y aurait donc là, dans l’accomplissement de tous les phénomènes que nous pouvons observer, la trace et la marque d’une providence, qui fait tout pour le mieux, et dont la vigilance, s’étendant à tous les êtres, ne peut jamais se lasser. Mais, à s’en tenir aux théories du philosophe, la nature est si loin de Dieu qu’elle