Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/121

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qu’on ne doit pas laisser de côté, sans déclarer, tout au moins, pourquoi on ne les aborde pas.

Ce n’est donc point être injuste envers Aristote que de conclure que le Dieu qu’il conçoit n’est pas une providence. Cette question semble avoir échappé à la perspicacité de son génie ; ou, s’il l’a entrevue, il n’y a pas attaché assez d’importance.

Un autre doute peut s’élever qui serait aussi très grave, si, d’ailleurs, il n’était pas plus spécieux que réel. Aristote a-t-il cru à un Dieu unique ? Ou bien, a-t-il cru à la multiplicité des Dieux ? Après tout ce que l’on vient de voir, on a peine à comprendre que cette question puisse être posée. Le premier moteur, immobile, éternel, immatériel, immuable, ne peut être qu’unique ; la pluralité des premiers moteurs serait une contradiction et un désordre. Mais, c’est Aristote lui-même qui, après avoir établi l’unité du premier moteur, se demande s’il n’y a pas autant de substances éternelles, immobiles et motrices, qu’il y a de planètes et d’astres. Il répond par l’affirmative ; et, à l’en croire, le