Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne nous a-t-il pas apprises sur ses devanciers ! Il est vrai qu’il les critique plus souvent qu’il ne les approuve ; mais, en les critiquant, il nous les fait connaître. Bien plus, quelque confiance qu’il puisse avoir en lui-même, il sent le besoin de consulter les autres, et de savoir ce qu’ils ont pensé. Il se fait un devoir de cette étude scrupuleuse du passé ; et il l’impose à la science tout entière, comme une condition indispensable. C’est en ce sens qu’on a pu dire qu’il avait été le premier historien de la philosophie. Ce n’est pas là un mince honneur. Pour lui, c’est si bien un procédé général qu’il l’emploie et le recommande, en politique, en psychologie, en astronomie, en météorologie, en rhétorique, en un mot, dans tous les sujets qu’il a traités. Là où il ne l’applique pas, c’est qu’il n’y a rien eu avant lui, et qu’il est inventeur, comme dans la Logique. Partout ailleurs, il croit devoir faire une exacte revue des opinions qui ont précédé les siennes, pour profiter de ce qu’elles peuvent contenir de vrai, ou pour s’épargner des erreurs déjà commises. Cette prudente déférence pour le passé