Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/175

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la Philosophie première et la Religion sont-elles séparées ? En quoi sont-elles unies ? Leur divorce, qui remonte au passé le plus lointain, peut-il un jour cesser ? L’accord de la raison et de la foi, tenté par de sincères et puissants esprits, doit-il se réaliser un jour ?

Une première différence, qui est la plus frappante et qui entraîne toutes les autres, c’est que la Religion doit être considérée comme l’œuvre collective de peuples entiers, tandis que les systèmes philosophiques ne sont jamais que des œuvres individuelles. Quelque obscure que soit l’origine du livre saint, il devient, une fois adopté, la règle de la nation ou de la race ; il semble même que l’énergie de la croyance soit d’autant plus vive que les ténèbres sont plus épaisses. Tantôt, ce sont des révélations que Dieu dicte à des prophètes chargés par lui de les transmettre à la multitude, comme la Bible, le Zend-Avesta, ou le Coran ; tantôt, ce sont des hymnes de poètes inspirés, comme le Véda des Rishis hindous ; tantôt, ce sont les enseignements d’un sage recueillis par ses disciples directs, comme les Soûtras bouddhiques,