Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/179

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Mais qu’est-ce que des écoles en comparaison de peuples ! Elles ne comptent pas, pour ainsi dire, dans l’histoire de l’humanité ; et c’est une délicate affaire d’érudition que de constater leurs noms et les phases de leur existence. Que peuvent en savoir les nations, lorsque tant de savants les ignorent et ne s’en inquiètent pas ? Une doctrine philosophique n’a de valeur réelle que pour celui qui se l’est faite, et pour ceux qui veulent bien la lui emprunter. Ils sont toujours en une minorité imperceptible, parce que la gloire de la philosophie est ailleurs que dans la multitude de ses adhérents.

On a beaucoup reproché à la philosophie cet individualisme ; et souvent le grief a paru tellement sérieux qu’on est allé jusqu’à la faire passer pour l’ennemie de la société, parce qu’elle n’en acceptait pas aveuglément toutes les croyances. Pourtant, cet individualisme est la philosophie même ; si on le réprouve, il faut la réprouver avec lui ; elle est supprimée du même coup. Mais on aurait beau faire, l’un et l’autre sont solidaires et indestructibles. La philosophie ne disparaîtra