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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/181

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qu’elle ne peut jamais, sous quelque prétexte que ce soit, être intolérante, comme l’est souvent la Religion. La liberté, qu’elle revendique pour elle, est également le patrimoine d’autrui, tout aussi respectable dans la plus humble des âmes que dans le philosophe le plus instruit. L’intolérance, qui est partout une faute, devient pour la philosophie un suicide ; refuser la liberté aux autres, tandis qu’on en fait pour soi-même son seul droit à exister, c’est une contradiction que les peuples et leurs gouvernements ont commise plus d’une fois ; mais, la philosophie ne peut pas la commettre. De fait, elle n’est jamais descendue à cette honte. L’histoire, dans ses douloureuses annales, ne pourrait pas citer un seul philosophe qui ait été persécuteur, au nom de la noble science qu’il cultivait. Ceci ne veut pas dire que la philosophie soit insensible à ce qu’elle regarde comme l’erreur ; mais elle en est beaucoup moins préoccupée que de la vérité, qu’elle cherche. Quand elle jette les yeux autour d’elle dans la société, elle s’en fie exclusivement à l’action lente des siècles et