Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/229

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philosophie ; mais ils ont accordé à tout le monde la faculté de l’acquérir. S’ils eussent rendu ce trésor plus commun, si nous naissions avec la sagesse, elle perdrait le plus précieux de ses avantages, celui de n’être pas un effet du hasard. Ce qu’elle a de plus grand et de plus estimablé, c’est qu’elle n’est point donnée naturellement à l’homme ; c’est qu’on ne la doit qu’à soi-même, et qu’on ne peut l’emprunter d’autrui (23). » Comment se fait-il donc que, dans le cours entier des âges, si peu d’hommes se livrent à la philosophie ?

On se l’explique en considérant les nécessités de la vie ordinaire, toujours pressantes et toujours renouvelées. L’immense majorité des hommes est soumise, même chez les peuples les plus civilisés, aux incessants labeurs, sans lesquels l’existence matérielle leur serait impossible. Quand, devenue plus facile pour quelques-uns, elle leur permet un choix du loisir, ceux-là sont encore subjugués par les passions, par les intérêts, par les motifs de toutes sortes, qui les enchaînent