Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/238

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et presque l’égal de Dieu. les poètes, même les plus légers comme Ovide, célèbrent la supériorité de l’homme comparé à toutes les créatures qui rampent sur la terre. Pline, le naturaliste, après avoir déploré la faiblesse de l’homme, Nudum in nuda humo, ne tarit pas sur les œuvres merveilleuses de son intelligence. Sénèque est encore plus éloquent et plus profond, sur ce sujet inépuisable. Au même temps, le Christianisme vient apporter pour jamais dans le monde une telle opinion de la nature de l’homme, qu’il ne croit pas pouvoir le sauver autrement que par le sang d’un Dieu. Mais la science contemporaine répudie tous ces témoignages et l’on dirait que, plus ils sont anciens nombreux, vénérables, plus elle se plaît les braver.

La philosophie est essentiellement engagée dans cette question, que, du reste, elle a quelque peine à prendre au sérieux. Si l’homme n’est qu’un animal comme tout autre, sauf peut-être qu’il est un peu plus intelligent, s’il n’est pas l’être raisonnable, moral, et libre, qu’il se croit, et qu’il a tant de