Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/261

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Sur une foule de points, il se trouvera d’accord avec la religion ; et il pourra joindre alors aux égards que conseillent toujours les convenances sociales, cette adhésion, bien autrement intime, d’un cœur qui se rend librement à la vérité partout où il la voit. Il ne saurait désavouer, sous le costume chrétien, les principes et les doctrines qu’il admire dans Platon. Cette conformité, pour n’être pas tout à fait celle de la raison et de la foi, n’en est guère moins précieuse. On est heureux de pouvoir accorder l’approbation avec le respect ; et la philosophie, sans avoir besoin de ce concours, y puise néanmoins des forces, qui n’ôtent rien à son indépendance, et qui, s’il le fallait, la rendraient encore plus tolérante qu’elle ne doit toujours l’être. On peut n’être pas chrétien ; c’est le droit que réclame la libre pensée ; mais c’est une témérité aveugle et injuste que de réprouver le Christianisme, sans chercher d’abord à le bien entendre. Ou il faut proscrire toutes les religions, ce qui est un insupportable mépris de l’humanité ; ou il faut écouter celle-là, et la vénérer plus que toutes les autres.