Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/263

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l’intelligence commune. Ce triomphe des sciences, légitime sous bien des rapports, ne la trouble pas ; elle sait dès longtemps quelles en doivent être les bornes, de même qu’elle sait aussi, non moins sûrement, quels sont ses droits imprescriptibles, que les victoires de la science ne font qu’accroître, loin de les réduire.

D’ailleurs, répétons-le aux savants, sans intention de les blesser : la philosophie a moins besoin des sciences que les sciences n’ont besoin de la philosophie. Les maîtres de la sagesse ont apparu dans des temps, et chez des peuples, où les sciences étaient à peine écloses. Les sages n’en ont été, ni moins éclairés, ni moins utiles. Ainsi que le remarque Aristote, l’étonnement et l’admiration ont été pour les hommes le commencement de la science et de la philosophie. A mesure que les sciences analysent les phénomènes et en découvrent de nouveaux, de plus en plus admirables, l’étonnement s’augmente ; mais il ne change pas de nature. On pourrait presque croire que, plus on a lieu d’être étonné et plus l’admiration