Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/73

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produite par l’Idée, dont elle participe ou qu’elle imite. Sans l’artiste, l’Idée, réduite à elle seule, aurait-elle jamais enfanté l’image dont nous sommes charmés ? Comme causes finales, les Idées ne sont pas plus fécondes ; elles n’expliquent en aucune façon ce que c’est que le bien, fin dernière et perfection de tous les êtres, fin suprême de l’univers entier, sans laquelle on ne peut rien comprendre à l’ordre éternel, qui y règne, sous la main de Dieu.

Parmi toutes ces assertions d’Aristote, la plupart très gratuites, nous ne nous arrêterons qu’à la dernière. Refuser à l’auteur du Timée et des Lois la croyance aux causes finales et au bien, nier que les Idées soient des causes, en présence des émotions irrésistibles qu’elles provoquent dans les âmes, c’est nier l’évidence. Aristote a donc oublié cette grande théorie, une des plus belles de sa Métaphysique, au XIIe livre, où il explique l’action divine par l’attrait tout-puissant que Dieu exerce sur les choses, comme l’objet désirable l’exerce sur le désir ? Que cette explication de l’acte et du mystère