Page:Barthe - À l'honorable M l'orateur Papineau, Le temps, 1838-09-11.djvu/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À L’HONORABLE M. L’ORATEUR
PAPINEAU.



Hélas ! déchu de ton sublime espoir,
Ma muse te suivra sur la terre étrangère,
Où l’ombre te grandit comme l’astre du soir !
Elle honore ton nom, car mon cœur le vénère.
Ta grande âme s’épure au creuset du malheur,
Et ton cœur se nourrit de souvenir d’honneur !
Ô fils aîné de ma patrie !
Ô toi ! de ton pays et l’orgueil et l’espoir !
Évoque ton passé comme un vivant miroir.
Un monument s’élève à ton génie,
Ce monument est immortel :
L’amour te l’érigea dans l’âme de tes frères
Comme on bâtit un saint autel
Pour transmettre à nos fils le culte de leurs pères !…

Qu’importe que mes pleurs suivent ton souvenir
Quand le malheur dévore un si grand avenir ?…
Ta chute ton exil rend ma lyre muette…
Mais, c’est à te chanter que grandit un poête !
Sacré martyr de liberté !
Gémiras-tu long-temps dans la captivité ?
As-tu vu périr la mémoire ?
Au livre du destin ton nom a-t-il pâli ?
Ne trouverait-il plus une page de gloire,