Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/166

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accueilli par des marques de joie. D’abord, c’était un commencement de secours ; et puis, bast ! il s’était passé tant de chose depuis quelques heures !

L’habitant canadien est l’être le plus pacifique du monde ; il l’est au point de paraître le plus pantouflard des hommes de la terre.

Il a une sainte horreur de la guerre et de tout ce qui s’y rattache, pour l’excellente raison qu’il n’y a jamais passé. Lui parler de recrutement en temps ordinaire est assez pour le faire fuir au fond des bois.

Les Européens, les Français en particulier, qu’il a parfois rencontrés, et qui ont des trémolos dans la voix chaque fois qu’ils prononcent le mot Patrie, lui ont toujours paru tant soit peu ridicules. S’il avait comme nous entendu ce vieux patriote alsacien réfugié à Québec dont l’invariable discours chaque année, à la fête du 14 juillet, consiste à se lever très ému, à balbutier : « Messieurs, l’Alsââce… l’Alsââce… !  » après quoi il éclate en sanglots et se rassoit, le type qui fait le sujet de cette digression aurait certainement dit : « Le bonhomme est fou, et