Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/193

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sacoches dont la courroie était passée à leur cou. Une cinquantaine de maisons furent ainsi détruites de fond en comble, sans que personne pût combattre le feu.

La veuve du maire de… a confirmé le récit que d’autres témoins avaient fait de l’exécution sommaire de son époux et de son fils avec plusieurs autres citoyens de l’endroit. Elle a raconté qu’en arrivant dans le village ce matin-là la troupe s’était rangée de chaque côté de la rue ; une couple d’heures après, entendant des coups de feu, elle courut à sa fenêtre et vit que les soldats tiraient dans les maisons. Elle retourna auprès de son mari, qui venait de rentrer. Tout à coup la porte s’ouvrit pour laisser passage à un militaire qui lui dit : « Le capitaine vient d’être tué ; où est le maire ? » Mon mari me dit alors : « Voilà qui ne sent pas bon pour moi. » — « Je dis au soldat : « Vous voyez par vous-même que ce n’est pas lui qui a tiré. » — « Cela ne fait pas de différence, répondit-il, il est responsable. » Alors mon mari fut entraîné au dehors. Mon fils me fit descendre avec lui à la cave. Le même individu revint bientôt, em-