Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/208

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annuels de milice, ils étaient naturellement les premiers prêts à partir pour le front.

Tous les jours, le Champ-de-Mars voyait passer en revue de nouveaux régiments parfaitement équipés en guerre, et lorsqu’ils défilaient par les grandes rues qui conduisent aux gares, c’était au son de brillantes fanfares, au milieu d’assourdissantes acclamations ; les femmes leur jetaient des fleurs du haut des balcons, au passage leur distribuaient force cadeaux de tabac et de bonbonnières. On se serait cru en France, dans les grands jours où la Patrie en danger appelle tous ses enfants à son secours.

Le cri favori de ces foules presque folles d’exaltation était : « À Québec ! à Québec ! » car si l’ennemi menaçait un peu de tous les côtés, c’était avant tout de Québec qu’il fallait commencer par le déloger. Jamais le sentiment de solidarité nationale ne s’était aussi spontanément imposé à tous les esprits.

La population de Montréal, fière à bon droit de sa supériorité matérielle, n’avait jamais aussi bien senti que, si cette métropole commerciale était la tête de la nation, le vieux Québec en était le cœur. Et c’était ce cœur qui saignait !