Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/221

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delles fumeuses, fichées dans le goulot de bouteilles vides qu’on avait à la hâte disposées tant bien que mal sur les saillies de la maçonnerie, avait tout à fait l’air d’un de ces rendez-vous de conspirateurs comme on n’en voit généralement que dans les romans.

Bientôt en effet, l’assemblée était presque au complet ; on s’était compté, il ne manquait que trois ou quatre noms à l’appel.

À l’étonnement marqué de Jimmy Smythe et à la vive satisfaction de son ami, l’élément français était en ordre de bataille, c’est-à-dire dans un état de surrexcitation voisin de la rage. On avait eu des nouvelles plus ou moins complètes des horribles scènes qui se déroulaient dans un large rayon autour de la ville. Au milieu du brouhaha des voix irritées, un vieux citoyen de Saint-Roch prit la parole.

— S’ils pensent nous faire peur, cria-t-il assez haut pour imposer le silence, ils se mettent le doigt dans l’œil, ces suppôts de l’enfer. Dans toute la ville, si j’en juge par ce que je viens de voir, on ne parle que de marcher en masse sur la Citadelle et d’y étouffer la garnison. Ces