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INTRODUCTION

nages ; mais il y a mieux : les noms mêmes sous lesquels on les désigne sont équivalents ; les habitants du pays de Galles appellent indifféremment « herbe de Cor et herbe de Gwion[1], » une plante médicinale particulièrement affectionnée des nains, et les Gaulois, d’après une inscription trouvée à Lyon, appelaient Corig (petit nain), le dieu qui présidait au commerce des Gaules, patronisait les bateliers de la Saône et de la Loire, les voituriers et les peseurs[2].

Nous ne pousserons pas plus loin cette digression ; il nous suffisait de faire voir que les nains bretons, aussi bien que les fées bretonnes, se rattachent, par leur nom et leurs principaux attributs, à l’ancienne mythologie celtique.

C’est une des raisons pour lesquelles il est impossible, comme nous l’avons dit, de déterminer la date des chants dont ils sont le sujet. Mais si on ne peut les ranger par ordre chronologique, du moins peut-on les renfermer dans une certaine période, en étudiant les allusions qu’ils contiennent, et en recherchant à quelle époque elles se rapportent. Voyons donc si les quatre ballades mythologiques que nous publions, et qui forment un cycle de récits à part, datent du seizième siècle plutôt que de tout autre temps antérieur ou postérieur.

Le premier représente un seigneur appelé Nann, qui va à la chasse à cheval et armé d’une lance. Nous savons qu’on se servait de la lance et du javelot à la chasse, au moyen âge, en Bretagne ; mais qu’on en ait fait usage au seizième siècle, jusqu’ici nous n’avons pu en découvrir de preuve. D’ailleurs, M. Adolf Wolf a démontré par la comparaison que la donnée de la ballade remonte au berceau même des races indo-européennes, et est le prototype d’un récit qui s’est localisé en mille endroits[3].

  1. Owen’s Welsh Dict., t. I, p. 126, éd. de 1832.
  2. Pardessus, Histoire du commerce.
  3. Volkslieder aus Venetien, p. 61.