Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
vij

vent ; mais ce que je puis affirmer, c’est qu’aucune d’elles ne savait lire.

Dans la masse des poésies populaires que j’ai ainsi entendues, il y aurait matière à plus de vingt volumes ; toutes, quoique très-intéressantes pour les chanteurs, ne l’étaient pas au même degré à mes yeux ; les unes étaient curieuses au point de vue de l’histoire, de la mythologie, des vieilles croyances ou des anciennes mœurs domestiques ou nationales ; d’autres n’offraient qu’un intérêt purement poétique ; d’autres n’en présentaient sous aucun rapport ; j’ai donc été forcé de faire un choix. Mais si ce choix n’a pas toujours été d’accord avec le goût des chanteurs, la manière dont j’ai classé les chants de ce recueil m’a toujours été indiquée par eux. Comme eux je les ai divisés en trois catégories principales ; à savoir : 1o en chants mythologiques, héroïques et historiques ; 2o en chants domestiques et d’amour ; 3o en légendes et chants religieux. Quant aux pièces de chaque catégorie, je les ai rangées par ordre de date probable.

Pour avoir des textes aussi complets et aussi purs que possible, je me les suis fait répéter, souvent jusqu’à quinze et vingt fois, par différentes personnes. Les versions les plus détaillées ont toujours fixé mon choix ; car la pauvreté ne me semble pas le caractère des chants populaires originaux ; je crois, au contraire, qu’ils sont riches et ornés dans le principe, et que le temps seul les dépouille. L’expérience prouve qu’on n’en saurait trop recueillir de versions. Tel morceau qui paraît complet au premier abord, est reconnu tronqué lorsqu’on l’a entendu chanter plusieurs fois, ou présente des altérations évidentes de style et de rhythme, dont on ne s’était pas douté. Les versions d’un même chant s’éclairant l’une par l’autre, l’éditeur n’a donc rien à corriger, et doit suivre avec une rigoureuse exactitude la plus généralement répandue. La seule licence qu’il puisse se permettre, est de substituer à certaines expressions vicieuses, à certaines strophes moins poétiques de cette version, les stances, les vers, ou les mots correspondants des autres leçons. Telle a été la méthode de Walter Scott ; je