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pondre non ! Prends-moi pour ton épouse ; ne me refuse pas, ne me refuse pas. Je le donnerai tant d’or et tant d’argent !

— Je suis fils de roi, je suis jeune et brave...; non, je ne t’épouserai pas.

— Oh ! chef Magnus, chef Magnus, prends-moi pour épouse ; ne me dis pas non ! ne me dis pas non !

— Qui es-tu... pour vouloir m’épouser ? Tu n’es pas chrétienne !

— Chef Magnus, chef Magnus, ne me dédaigne pas, ou tu deviendras fou, et tu resteras fou toute la vie. Ne me dis pas non ! ne me dis pas non !

La ballade servienne de Marko et de la Wila suppose, comme le poëte breton, que l’on ne trouble pas impunément les eaux consacrées aux fées.

« Garde-toi, crie une voix au prince Marko, qui chasse et qui a soif ; garde-toi de troubler les eaux du lac, car la Wila du gué sommeille sur ses ondes, et son île flotte sur les eaux vertes. Malheur au héros qui l’éveille ! Malheur au cheval qui trouble les eaux de son lac ! La Wila en exige un terrible péage : elle prend au héros ses deux yeux, et au cheval ses quatre pieds[1]. »

Nous pourrions citer encore d’autres chants populaires qui auraient du rapport avec le nôtre ; mais nous n’en avons trouvé aucun aussi complet ; nous le croyons ancien, car il nous parait très-probable que chacune de ses strophes était primitivement composée de trois vers, comme le sont encore la 1re, la 2e, la 3e, la 17e, la 22e, la 23e, la 24e et la 36e. Cette forme rhythmique passe, comme on le sait, pour le caractère certain d’une haute antiquité ; elle a été employée par la plupart des bardes gallois du sixième siècle, et on n'en trouve, chez eux, aucun exemple depuis le douzième.

  1. Wuk : Danitza, 3° partie, p. 59.