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XIX


L’ÉPOUSE DU CROISÉ.


( Dialecte de Cornouaille. )


Pendant que je serai à la guerre pour laquelle il me faut partir, à qui donnerai-je ma douce amie à garder ? — Emmenez-la chez moi, mon bean-frère, si vous voulez : je la mettrai en chambre avec mes demoiselles ;

Je la mettrai en chambre avec mes demoiselles, ou dans la salle d’honneur avec les dames ; on leur préparera leur nourriture dans le même vase ; elles s’asseyeront à la même table. —

l’eu de temps après, elle était belle à voir la cour du manoir du Faouet toute pleine de gentilshommes, chacun avec une croix rouge sur l'épaule, chacun sur un grand cheval, chacun avec une bannière, venant chercher le seigneur pour aller à la guerre.

Il n’était pas encore bien loin du manoir, que déjà son épouse essuyait plus d’un dur propos : — Jetez là votre robe rouge et prenez-en une blanche, et allez à la lande garder les troupeaux.

— Excusez-moi, mon frère ; qu’ai-je donc fait? Je n’ai gardé les moutons de ma vie ! — Si vous n’avez gardé les moutons de votre vie, voici ma longue lance qui vous apprendra à les garder. —

Pendant sept ans elle ne fit que pleurer ; au bout des sept ans, elle se mit à chanter.

Et un jeune chevalier qui revenait de l’armée ouït une voix douce chantant sur la montagne.