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— Jobik ! oh ! l’horreur ! j’en mourrai de chagrin! Ma mère ! ma pauvre petite mère ! si tu étais encore en vie !

— Allez vous lamenter dans la cour, lamentez-vous-y tant que vous voudrez. Vous aurez beau faire des grimaces, dans trois jours vous serez fiancée ! —


III.


Vers ce temps-là, le vieux fossoyeur parcourait le pays, sa clochette à la main, pour porter la nouvelle de mort.

— Priez pour l’âme qui a été M. le chevalier, de son vivant un homme de bien et de cœur,

Et qui a été blessé mortellement au flanc d’un coup d’épée, au delà de Nantes, dans une grande bataille, là-bas.

Demain, au coucher du soleil, commencera la veillée ; et après on le portera de l’église blanche à la tombe. —


VI.


— Vous vous en retournez de bien bonne heure ! — Si je m’en retourne ? Oh! oui vraiment ! — Mais la fête n’est pas finie, ni la soirée non plus.

— Je ne puis contenir la pitié qu’elle m’inspire, et l’horreur que me fait ce gardeur de vaches, qui se trouve face à face avec elle dans la maison !

A l’entour de la pauvre jeune fille, qui pleurait amèrement, tout le monde pleurait, et même M. le recteur ;

Dans l’église de la paroisse, ce matin, tous pleuraient ; tous, et jeunes et vieux ; tous, excepté la belle-mère.

Plus les sonneurs, en revenant au manoir, sonnaient, plus on la consolait, plus son cœur était déchiré.