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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Je n’ai pu retrouver dans l’histoire le nom obscur de Jean de Pontorson ; mais les rapports que lui donne le poëte avec du Guesclin, la protection qu’il lui fait demander au chevalier breton, comme à son seigneur suzerain, ne permellent pas de douter de sa réalité historique. Du Guesclin était, en effet, capitaine des hommes d’armes de Pontorson, et il possédait, près de cette ville, une terre provenant de la succession de sa mère. Le fait du séjour de Bertrand à Guingamp, et de la prière qu’un vint lui adresser pour qu’il allât détruire le repaire des brigands auxquels le pays de Tréguier était depuis longtemps livré, est de même attesté par les écrivains contemporains.

Il ne reste plus aucune trace ni du château de Trogoff ni de celui de Pestivien ; quant aux roches druidiques du tertre de Mael, qu’invoque le poète breton contre la domination étrangère, elles sont toujours debout, et le laboureur, en menant sa charrue, chante encore les vers prophétiques qu’autrefois chantaient ses aïeux.


En Guingamp est venu, en la ville s’est mis.
Et là, fut des bourgeois moult forment conjois :
— Aï ! sire Bertrand, vous soyez beneiz !
Nous avons bien mestier de vous, ce m’est avis ;
Car il y a chastiax de Englois bien remplis,
Qui tous les soirs s’en viennent jusqu’à nos courtils.
Ils nous vont ravissant vaches, moutons, brebis ;
Chastel de Pestien c’est cil qui nous fait pis. —
Dolent en est Bertrand quand il les a ois ...
Quand furent aprestés du tout à leur command.
De Guingamp sont issus, à la trompe sonnant ;
Et furent bien six mille bonnes gens combattant,
A cheval et à pied, arbalestriers devant.


(Chronique de Bertrand du Guesclin, par Cuvelier, Irouvère du quatorzième siècle, t. 1, p. 107.)