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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

plan grandeur nature et d’autres comme accessoires, et à A… tout l’atelier de la rue Vivienne, 53, en petit.

Il s’en va nous démontrant les avantages du sujet pendant une bonne demi-heure ; après quoi, je retourne à mon portrait, agitée et ayant mal à la tête, et ne peux rien faire de la journée. Les suites d’hier.

Quant au sujet, il ne me dit pas beaucoup ; mais ça peut être très amusant, et puis Julian est si empoigné, si convaincu : il m’a cité tant d’exemples qui ont réussi — jamais un atelier de femmes n’a été fait. Du reste, comme ce serait une réclame pour lui, il ferait tout au monde pour me donner cette fameuse notoriété dont il parle. Ce n’est pas facile, un grand machin comme ça… Enfin nous verrons.

À trois heures et demie nous descendons avec Villevieille dans l’intention de voir les baraques des boulevards ; mais, ayant eu l’idée de jeter un coup d’œil au nouvel atelier du patron, nous y entrons. Villevieille, qui joue en artiste, se met au piano et moi je fais des vers de mirliton pour le patron. Il rentre, en ce moment et nous passons chez lui deux heures, en compagnie de ma tante qui venait me chercher.

L’atelier est très gentil, tout à côté de celui des hommes, à l’entresol ; un tuyau acoustique communique avec le troisième étage des dames.

Ca été pas mal drôle, on a beaucoup parlé du tableau. Julian le désire pour plusieurs raisons, d’abord parce qu’il n’a pas le temps de le faire lui-même, ensuite pour m’être agréable et puis pour faire enrager Breslau et prouver à celles qui ne veulent pas croire en moi ma force. Tout ça est bien. Mais voilà que je